
En 2024, certaines catégories d’agents publics voient leur rémunération déterminée selon une grille spécifique qui ne suit ni le rythme du point d’indice ni celui des réformes salariales communes. La revalorisation automatique, souvent attendue, peut ne jamais concerner certains grades, malgré l’ancienneté.
Des disparités persistent d’un établissement à l’autre, alors que l’intitulé des fonctions et les responsabilités restent identiques. Des agents classés au même échelon peuvent percevoir des montants sensiblement différents selon leur date d’embauche ou leur structure d’affectation.
Plan de l'article
La Convention Collective Nationale 66, plus connue sous le nom de CCN66 ou IDCC 413, façonne depuis plus de cinquante ans les règles du jeu dans le secteur social et médico-social. C’est elle qui dessine les contours des droits, des horaires, des salaires et des primes pour tous ceux qui accompagnent au quotidien des personnes en situation de handicap ou d’inadaptation, éducateurs spécialisés, agents administratifs ou soignants.
Pour s’y retrouver dans la mosaïque des établissements, le code APE/NAF précise la convention collective à appliquer à chaque organisme. La CCN66 ne fait pas de tri : elle concerne toutes les catégories de personnel d’un établissement. Son influence s’étend à la durée du travail, à la grille de salaires, aux barèmes minimaux, aux primes et indemnités qui rythment la vie professionnelle de milliers de salariés.
Un texte de référence pour le secteur handicap et inadaptation
La CCN66 ne se limite pas à fixer des seuils théoriques. Elle impose une classification fine : échelons, coefficients, droits associés… tout est cadré. Le syndicat Nexem joue un rôle moteur dans les négociations d’avenants et la défense des adhérents. Ce système, parfois labyrinthique, offre néanmoins une base solide aux professionnels, à la fois protection juridique et socle pour exprimer leurs revendications.
Voici les principales spécificités de la convention collective 66 :
- Elle structure le dialogue social et pose les conditions de reconnaissance du statut pour l’ensemble du secteur.
- Tous les métiers des établissements relevant de son champ tombent sous sa coupe.
- Elle couvre l’ensemble des établissements destinés aux personnes handicapées ou en situation d’inadaptation.
Pourquoi la grille de salaires intrigue autant les professionnels ?
La grille de salaires issue de la convention collective 66 attise bien des discussions. Sa mécanique, loin d’être transparente, repose sur une combinaison de paramètres qui échappent parfois au simple bon sens. Pour comprendre comment tout se joue, il faut s’attarder sur plusieurs critères :
- le coefficient attribué au poste
- la valeur du point (mise à jour à 3,93 € en 2025)
- l’ancienneté dans la structure
- le métier exercé
- la classification retenue
Chacun de ces facteurs influence le salaire, générant des écarts parfois marqués entre collègues, voire au sein d’une même équipe. Les professionnels du social, du médico-social ou du paramédical gardent un œil attentif sur le barème convention 66. Que l’on soit agent de bureau, éducateur spécialisé, chef de service ou psychologue, la grille varie selon la fonction et l’avancement dans les échelons.
À ancienneté identique, un éducateur spécialisé ne percevra pas la même rémunération qu’un moniteur-adjoint d’animation. À chaque évolution d’échelon, une infirmière diplômée d’État verra son salaire progresser. Impossible de faire l’impasse sur le SMIC (1 801,80 € brut mensuel depuis le 1er novembre 2024) : si le calcul conventionnel aboutit à un montant inférieur, c’est le minimum légal qui s’applique, sans discussion. La prime Ségur, souvent attendue, vient compléter la fiche de paie mais ne sert jamais à atteindre le seuil du SMIC, elle s’ajoute, point final. Ce détail alimente la vigilance syndicale, en particulier chez Nexem.
Pour résumer les principales règles qui s’imposent à tous :
- La grille concerne l’ensemble des salariés : personnels soignants, éducatifs, administratifs et techniques.
- Chaque métier reçoit un coefficient, une valeur de point, un échelon d’entrée.
- L’évolution salariale dépend strictement de l’ancienneté et de la classification.
La convention 66 est devenue un enjeu de reconnaissance autant qu’un sujet de négociation financière. Chaque modification, chaque avenant est scruté par les salariés, car derrière chaque chiffre se dessine la question de la justice et du sens au travail.
Décryptage : comment se construit concrètement la rémunération sous la convention 66
Dans le secteur social et médico-social, la rémunération ne doit rien au hasard. Tout démarre par le salaire indiciaire, calculé simplement : coefficient du poste multiplié par la valeur du point (3,93 € en 2025, selon la dernière recommandation Nexem). Ce coefficient dépend de la fonction, de la qualification et de l’ancienneté, et grimpe au fil des années et des promotions.
À ce socle de base s’ajoute la prime de sujétion spéciale, portée à 9,21 % via l’avenant n° 354. Objectif : reconnaître la pénibilité et les contraintes spécifiques à de nombreux métiers régis par la CCN 66 (IDCC 413). Particularité : pour les cadres supérieurs, cette prime est déjà intégrée dans leur coefficient, pour les autres, elle se cumule distinctement au salaire indiciaire.
Mais la fiche de paie ne s’arrête pas là. Selon la fonction et les situations rencontrées, d’autres compléments viennent s’ajouter : primes spécifiques, indemnités pour frais professionnels, majorations pour travail de nuit ou le dimanche. La prime Ségur, dispositif récent, augmente le brut mais ne peut servir à combler une différence entre le salaire conventionnel et le SMIC (1 801,80 € brut mensuel au 1er novembre 2024).
La convention 66 prévoit également des avantages qui font la différence : congés supplémentaires liés à l’ancienneté, prévoyance, maintien du salaire en cas de maladie, mutuelle collective ou encore compte épargne-temps. Cet ensemble compose un régime protecteur, balisant la vie professionnelle dans les établissements accueillant des personnes en situation de handicap ou d’inadaptation.
Évolutions, revalorisations et perspectives pour les salariés concernés
L’histoire de la convention collective 66 s’écrit au rythme des avenants et des négociations de branche. Chacune de ces évolutions traduit une avancée dans la reconnaissance des métiers du secteur social et médico-social. L’avenant n° 354, par exemple, a rehaussé la prime de sujétion spéciale à 9,21 %. L’avenant n° 346 avait auparavant fixé la valeur du point à 3,80 €, avant que la recommandation Nexem ne la porte à 3,93 € pour 2025.
La structuration des grilles salariales dépend aussi des NAO de branche (négociations annuelles obligatoires). À intervalles réguliers, les partenaires sociaux revoient les coefficients, la progression des échelons, l’intégration de la prime Ségur. Cette prime, issue des mesures de soutien aux métiers du soin, s’ajoute au brut sans jamais servir de variable d’ajustement pour garantir le SMIC. La CCN 66 s’attache à maintenir un socle conventionnel toujours supérieur au minimum légal, sans détour.
L’avenir du secteur s’écrit à travers la quête de reconnaissance salariale. Les revendications persistent : consolidation des grilles, revalorisation des métiers les moins visibles, réduction des écarts entre catégories de personnel. Les dernières avancées, parfois âprement négociées, illustrent la volonté d’attirer de nouveaux talents et de fidéliser les professionnels en poste. Mais rien n’est figé : la tension demeure, portée par les besoins croissants du secteur et l’exigence d’une meilleure reconnaissance. Le débat reste ouvert, et la CCN66 n’a pas fini de faire parler d’elle.


























































